Al-Qaïda est-il oui ou non, présent au Liban ?

Publié le par newsleb-mania

Par Nayla El Eid – Twitter : @naylaeleid


osama-bin-laden1.jpgLe 17 mai dernier, le régime syrien a mis sur le devant de la scène un groupe redouté par le monde entier ; Al-Qaïda. Par le biais de son ambassadeur auprès de l’ONU Bachar Jaafari, la Syrie a transmis une lettre au Conseil de sécurité, selon laquelle le réseau terroriste serait à l’origine des violences meurtrières qui sévissent dans le pays et que le groupe serait actif au Liban. Les parties libanaises ont aussitôt condamné puis nié cette information qui, malgré tout, a semé le doute et la terreur au sein de la population. Car si Al-Qaïda est vraiment présent au pays des cèdres, la dissension entre sunnites et chiites serait alors inévitable.


Dissiper ou confirmer les doutes


Selon une source judiciaire, citée par le quotidien An-Nahar, la missive soumise par Bachar Jaafari au Conseil de sécurité des Nations unies contient des informations erronées. Dans son édition, publiée aujourd’hui, le journal précise que des groupes armés sont présents à la frontière libano-syrienne, mais qu’il ne s’agit en aucun cas, de membres d’Al-Qaïda. « Les trafiquants d’armes profitent de l’instabilité sécuritaire à la frontière, pour vendre des armes », indique la source au quotidien.


Pour sa part, le journal Al-Akhbar affirme le contraire. Selon le journaliste Nasser Charara, Ahmad J. et Abdallah H., tous deux membres du réseau terroriste, sont entrés au Liban via la Turquie, entre le 1er et le 3 mai dernier. Ils auraient eu pour mission de préparer le terrain, en vue d’un attentat contre le président de la Chambre Nabih Berry et le Pape Benoît XVI, lors de sa visite prévue à Beyrouth en septembre prochain.

Il est clair que les médias de la majorité comme ceux de l’opposition, jouent de leur notoriété auprès de la population, pour confirmer ou dissiper le doute sur la présence de membres d’Al-Qaïda au Liban. Mais nous pouvons être certains d’une chose ; cette question ne date pas d’hier. Elle daterait même de 2006.


Fatah al-Islam : Le point de départ


Cette année-là, le mouvement islamiste salafiste armé Fatah al-Islam, s’implante dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr el-Bared. Si ses membres disent n’avoir aucun lien avec Al-Qaïda, il n’en reste pas moins que Fatah al-Islam défend les mêmes principes que le groupe dirigé à l’heure actuelle par Ayman el-Zawahiri. A savoir, combattre les juifs en Palestine et défendre les sunnites contre leurs ennemis.


nahr-el-bared.jpgEn mai 2007, l’armée libanaise s’engage dans un combat sanglant, contre le groupuscule. Les soldats viennent à bout des terroristes en quatre mois. Toutefois, le chef du Fatah al-Islam Chaker el-Absi, disparaît dans la nature et reste jusqu’à présent introuvable.


Quoiqu’il en soit, depuis cette victoire, les médias ont fait état de nombreux démantèlements, par l’institution militaire, de cellules du réseau Al-Qaïda. En juin 2009, dans une entrevue accordée au quotidien koweïtien As-Siyassa, le commandant en chef de l’armée libanaise souligne que ses soldats avaient arrêté des personnes « plus importantes que ce que vous pouvez imaginer ». « Cette cellule d’Al-Qaïda complotait pour déstabiliser le Liban, la Syrie, l'Irak et les pays du Golfe, y compris le Koweït », ajoute le général Jean Kahwagi.


Syrie et Liban : Les bases arrières d’Al-Qaïda


En février 2008, le politologue Fidaa Itani s’interroge sur le fait que le Liban puisse être un terrain d’affrontement avec les Etats-Unis et leur alliés, ou un pays qui doit être considéré comme une simple base arrière pour l’entraînement et le transit des combattants d’Al-Qaïda. Dans son article intitulé Enquête sur l’implantation d’Al-Qaïda au Liban, publié dans le Monde Diplomatique, M. Itani croit savoir que « dès le 4 septembre 2007, deux jours après la chute du camp, le général Georges Khoury, directeur des renseignements de l’armée, reconnaît que les combattants du Fatah Al-Islam sont bien des membres d’Al-Qaïda ».


Cette version vient confirmer celle du journaliste français du Figaro George Malbrunot. « Dans le camp palestinien d'Aïn Héloué au sud de Beyrouth, les groupes sunnites extrémistes, Osbat al-Ansar et Jound al-Cham, sont soupçonnés d'alimenter les nouveaux réseaux d'al-Qaïda au Liban. Mais c'est surtout l'implantation du Fatah al-Islam, plus au nord à Nahr al-Bared à l'automne 2006, qui constitue la preuve la plus tangible de la propagation des métastases terroristes », écrit-il en octobre 2007.


Al-Qaïda ne s’est donc pas encore manifesté de manière officielle au Liban, c’est-à-dire en revendiquant des attentats et leurs intentions de déstabiliser le pays des cèdres. Néanmoins, on ne peut pas mettre à l’écart la thèse d’une présence de cellules dormantes…pour le moment.


A suivre dans le prochain article : Les liens entre Fatah al-Islam et le clan Hariri

Publié dans Politique libanaise

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