Défense nationale : Walid Joumblatt ou la stratégie de Machiavel

Publié le par newsleb-mania

Par Nayla El Eid – Twitter : @naylaeleid

 

nicolas-m.pngL’Art de la guerre fut écrit en 1521, par Nicolas Machiavel. Pourtant, à travers cet ouvrage nous pouvons analyser et comprendre la situation au Moyen-Orient, et en particulier au Liban, en ce XXIème siècle. En effet, pour ce penseur et théoricien italien de la Renaissance, le souci primordial est celui de la défense nationale. Une stratégie qui, au pays des cèdres, constitue la principale pomme de discorde entre les partis politiques.

 

Le Liban s’apprête à célébrer le 25 mai prochain, le douzième anniversaire du retrait israélien du Sud. Mais 12 ans après cet événement national, l’armement du Hezbollah reste au cœur des divergences nationales.

 

Un arsenal tantôt légitime, tantôt contesté

 

En 2006, l’arsenal du Hezbollah est plus que légitime aux yeux d’une grande partie des Libanais. Et pour cause; le mouvement chiite vient de signer une victoire historique contre Israël. La situation va pourtant changer le 7 mai 2008. Des événements sanglants opposent notamment les sunnites aux chiites. Le peuple craint alors le retour de la guerre civile au pays des cèdres. L’Alliance du 14 Mars appelle au désarmement du Hezbollah. A leurs yeux, le mouvement chiite se sert de son arsenal contre le peuple libanais.

 

Mais voici ce que dit Machiavel dans le Chapitre I de L’Art de la guerre : « Ce ne sont pas les armes que les citoyens tiennent en main qui font les tyrans; ce sont les institutions vicieuses du gouvernement qui enchaînent les républiques ».

 

7mai.jpgEn mai 2008, le gouvernement était dirigé par Fouad Siniora. A l’époque, la majorité était, entre autre, composée du Courant du Futur, des Forces libanaises, du parti Kataëb et du Parti Socialiste Progressiste. Or, ce dernier, et non des moindres, est, on le sait, un élément majeur dans la balance politique libanaise.

Walid Joumblatt, d’un commun accord avec ses alliés, a dévoilé au grand jour, le réseau de surveillance, établi par le Hezbollah, à l’aéroport de Beyrouth, appelant ainsi au limogeage de Wafic Choukair, chef de la sécurité de l’AIB. Les affrontements qui s’en sont suivis dans les quartiers mixtes de la capitale, et à la Montagne, ont fait plus de 80 morts.

 

Une coalition machiavélique

 

Quelques années plus tard, M. Joumblatt annonce son désengagement envers l’Alliance du 14 Mars, se range (encore une fois) du côté du Hezbollah et va même jusqu’à présenter ses excuses au président syrien Bachar el-Assad.

 

Toujours dans le Chapitre I de L’Art de la guerre, voici ce que Machiavel affirme, en parlant des Vénitiens en guerre : « Ils embrassèrent donc un parti imprudent, auquel ils doivent la perte de la plus grande partie de leur gloire et de leur bonheur ».

 

walid_jumblatt_210.jpgGrâce au leader druze, le nouveau Cabinet se forme, avec à sa tête Najib Mikati. Les ministres du mouvement Amal, du PSP, du Courant patriotique libre et du Hezbollah forment la nouvelle majorité, mais pas pour longtemps. Walid Joumblatt ayant annoncé depuis peu, son (re)revirement politique.  

 

2012, une institution militaire toujours aussi faible

 

Revenons-en à la stratégie de Défense nationale. Les altercations sanglantes qui ont éclaté dimanche dernier à Tripoli, entre Jabal Mohsen et Beb el-Tebbaneh, ont une nouvelle fois démontré que l’armée libanaise est dépourvue de moyens logistiques et techniques, nécessaires à la stabilité sécuritaire du Liban.


Dans un contexte similaire, Nicolas Machiavel indique que « l'on ne peut trouver d'appui solide que dans ses propres armes ; et les propres armes ne peuvent s'obtenir autrement que par la voie de l'ordonnance : c'est le seul moyen de former une armée dans quelque lieu que ce soit, et d'y mettre en vigueur la discipline militaire ».


Ainsi, les Etats-Unis, l’Union européenne et les pays du Golfe ont apporté un soutien financier à l’institution militaire libanaise. Néanmoins celle-ci demeure sous équipée et est considérée comme incapable de défendre le territoire libanais, en particulier contre Israël. Quant au Hezbollah, son armement est en parti financé par l’Iran.

Publié dans Politique libanaise

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