Pour le Hezbollah, la meilleure défense c’est l’attaque
Par Nayla El Eid-Twitter : @naylaeleid
Pris dans les mailles d’une crise majeure en Syrie, que l’on peut désormais qualifier de guerre civile, le Hezbollah fait face à une situation inconfortable, tant au niveau local que régional. Pour masquer cet affaiblissement, le chef du mouvement chiite Hassan Nasrallah n’a pas hésité à tirer à boulet rouge contre tous ses détracteurs. Car la meilleure défense, c’est l’attaque…
C’est avec virulence que le secrétaire général du Hezbollah s’en est pris hier, à l’opposition libanaise. Lors de son discours, retransmis en direct sur écran géant dans la banlieue Sud de Beyrouth, Hassan Nasrallah a insisté sur le comportement irresponsable du 14 Mars, après l’attentat qui a coûté la vie au chef des services de renseignements de la police Wissam el-Hassan. Le 19 octobre dernier, peu après l’explosion, l’opposition a appelé ses partisans à manifester leur colère dans les rues de la capitale, et à prendre d’assaut le Grand Sérail, où siège le Premier ministre. Conscient d’avoir commis une erreur, l’Alliance du 14 Mars s’est empressée de rappeler à l’ordre ses partisans. Mais pour le chef du Hezbollah, c’est une aubaine. L’opposition a fauté et il ne s’en prive pas de le rappeler : « Certaines parties au sein du 14 Mars, œuvrent avec les forces étrangères pour provoquer une discorde entre sunnites et chiites au Liban. Les factions chrétiennes de l’opposition et certaines parties au sein du courant du Futur cherchent à provoquer une dissension entre sunnites et chiites », a affirmé Hassan Nasrallah.
Dans un second temps, la branche politique du mouvement chiite est touchée par une affaire douteuse : la vente de médicaments contrefaits. Le frère du politicien Mohammad Fneich, membre du Hezbollah est sous le coup d’une enquête, ordonnée ce matin, par le Procureur de la République. Or, comme le rappelle si bien la DGSE, « la contrefaçon de médicaments est une source exceptionnelle de revenus pour les réseaux mafieux ». Qu’à cela ne tienne, Hassan Nasrallah veut montrer patte blanche, sans pour autant aborder ce sujet fâcheux. « C’est par fierté que le Hezbollah accepte de dialoguer avec ceux qui boycottent ces discussions », a-t-il souligné.
D’autre part, le chef du mouvement chiite a insisté sur le fait que l’Alliance du 14 Mars ait critiqué l’envoi du drone Ayoub en territoire occupé. « Plutôt que de saluer notre opération, l’opposition a brandit la 1701 », a-t-il indiqué. Pourtant, l’attitude du 14 Mars dénoncée par Nasrallah, n’a rien d’étonnant. Le 14 Mars n’a jamais, voire même très rarement, soutenu les opérations du Hezbollah.
Sur le plan régional, Bahreïn a récemment accusé le mouvement chiite d’avoir commandité un attentat à Manama. Dans le collimateur des pays du Golfe, le chef du Hezbollah opte là encore, pour l’attaque : « Nos empreintes sont tellement puissantes, qu’elles se sont retrouvées à Bahreïn », a-t-il commenté avec ironie.
Ainsi, face à la situation en Syrie, l’avenir géopolitique du Hezbollah demeure incertain. La raison d’être du mouvement chiite est Israël, l’ennemi commun que le parti a avec l’Iran. La République islamique, peu touchée par les sanctions onusiennes, reste la mère protectrice des intérêts du parti de Hassan Nasrallah.