Qui contrôlera la Syrie, contrôlera le Proche-Orient

Publié le par newsleb-mania

Par Nayla El-Eid – Twitter : @naylaeleid


feltman.jpg« Il est dans notre intérêt que la Russie fasse parti de la solution et non du problème ». C’est ce qu’a affirmé Jeffrey Feltman à Fouad Siniora lors de leur rencontre, début mai à Beyrouth. Les détails de ces concertations ont été publiés aujourd’hui par le quotidien Al-Akhbar, révélant que Moscou reste l’unique issue aux crises syrienne et libanaise puisque la Chine semble céder. A présent, la question est donc de savoir quel marché sera effectué entre Washington et Moscou, pour que le Kremlin tourne enfin le dos à Bachar el-Assad.

 

 

 

Echapper à la crise, à n’importe quel prix


La contagion des violences en Syrie au Liban est une « menace réelle » et pourrait « très mal se terminer », a mis en garde hier le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. « Cette affaire pourrait très mal se terminer au regard de l'histoire, de la composition ethnique et religieuse de la population et des principes sur lesquels l'État libanais est construit », a-t-il déclaré devant des journalistes à Moscou. Et d’ajouter : « C'est une évolution très dangereuse de la situation, à laquelle il faut échapper à n'importe quel prix ».


assad-lavrov_2131178b.jpgDéclaration diplomatique ou réelle inquiétude de la part de Moscou, dans les deux cas, la Russie est mise au pied du mur. Un état de fait délicatement orchestré par les Etats-Unis. Dans son édition d’aujourd’hui, le quotidien Al-Akhbar a publié les détails de la discussion entre Jeffrey Feltman, Fouad Siniora et les membres du Courant du Futur. Lors de cette rencontre qui s’est déroulée le 3 mai dernier, le sous-secrétaire d’Etat américain pour les affaires du Proche-Orient insiste sur le fait que Washington ne désire pas intervenir militairement en Syrie, « car cela pourrait servir les intérêts du régime syrien ». « Il faut convaincre les autres pays, en particulier la Chine et la Russie, de faire pression sur la Syrie et l’Iran », a-t-il dit à ses interlocuteurs. Et de poursuivre : « Pour ce qui est de la Chine, nous avons les moyens de faire pression sur ce pays, à travers les nations du Golfe car Pékin tient absolument à préserver la coopération commerciale mais surtout énergétique avec cette région ». M. Feltman a d’ailleurs indiqué que la crise syrienne est au cœur des concertations entre la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton et les responsables chinois : « La Chine n’est pas aussi tenace que la Russie ».


Compétition mondiale pour l’énergie


Si les Etats-Unis ont réussi à faire pression sur la Chine, à travers les pays du Golfe, c’est parce que aujourd’hui, la compétition mondiale ne concerne plus l’armement ou le pétrole, mais bien le gaz. Et selon une étude réalisée par le Washington Institute for Near East Policy, la Syrie se trouve justement sur l’une des plus grande réserve de gaz au monde.


La zone euro menace de s’effondrer et les Etats-Unis se sont endettés à hauteur de 14 940 milliards de dollars, suite à la crise économique. Ainsi, le seul moyen de redresser l’économie est de mettre la main sur le gaz, et donc sur Damas.


Dans son article intitulé La Syrie, Centre de la guerre du gaz au Proche-Orient, le professeur Imad Fawzi Shueibi explique que le gaz est la principale source d’énergie du 21ème siècle, « à la fois comme alternative à la baisse des réserves mondiales de pétrole, et comme source d’énergie propre ». « Par conséquent, le contrôle des zones gazières du monde par les anciennes et les nouvelles puissances est à la base d’un conflit international dont les manifestations sont régionales », précise-t-il.


Nabucco VS South Stream


Le professeur Shueibi revient ainsi sur les projets sino-russes South Stream et Nord Stream, ainsi que sur le projet américano-européen Nabucco. Ce dernier reflète la volonté réelle de l’Europe et des Etats-Unis, de ne plus être dépendant de la Russie, comme en témoigne deux extraits tirés de ce reportage réalisé en Azerbaïdjan en mai 2010.


 


 

M. Shueibi souligne que le projet Nabucco « était censé concurrencer les projets russes. Initialement prévu pour 2014, il a dû être repoussé à 2017 en raison de difficultés techniques. À partir de là, la bataille du gaz a tourné en faveur du projet russe, mais chacun cherche toujours à étendre son projet à de nouvelles zones ».

 

 


 

 

« Cela concerne d’une part le gaz iranien, que les États-Unis voulaient voir venir renforcer le projet Nabucco en rejoignant le point de groupage de Erzurum, en Turquie ; et de l’autre le gaz de la Méditerranée orientale : Syrie, Liban, Israël », explique le professeur. Et d’ajouter : « Or en juillet 2011, l’Iran a signé divers accords concernant le transport de son gaz via l’Irak et la Syrie. Par conséquent, c’est désormais la Syrie qui devient le principal centre de stockage et de production, en liaison avec les réserves du Liban ».


Le gaz syrien alimentera-t-il Nabucco ou South Stream ? Pour M. Shueibi, « qui contrôle la Syrie pourrait contrôler le Proche-Orient ».

 

Publié dans Moyen-Orient

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